La question de l’écriture d’un article sur la science et la santé a fait l’objet du treizième webinaire organisé le 10 septembre par le Forum de reportage sur la crise sanitaire mondiale. Une session à laquelle a participé Gervais Mbarga, professeur agrégé à l’Université de Moncton au Canada et professeur associé à la chaire « journalisme scientifique » de l’université Laval (Québec).
La rédaction d’un article sur la science ou la santé fait appel à certains savoirs fondamentaux nécessaires pour traiter ces thématiques de manière qualitative. L’objectif : accrocher et maintenir l’attention du lecteur.
Cette année, en raison de la pandémie du coronavirus, les savoir-faire en matière de journalisme scientifique ont connu un intérêt croissant. Mais écrit-on un article scientifique de la même manière qu’un article sur le sport, l’économie ou la politique ?
« Pour rédiger un article scientifique, il faut déjà connaître les principes de base du journalisme. La règle de la pyramide inversée par exemple, les 5 W. Il ne faut pas négliger la structure de l’article », a répondu Mbarga.
Le journalisme scientifique, déclare-t-il, consiste à la fois à diffuser la connaissance c’est-à-dire tenter d’aller vers le combat contre l’ignorance. C’est un journalisme qui a une fonction éducative. Il permet de poser des questions sur l’environnement, la maladie, la technologie, la connaissance du monde et sur les relations humaines.
1. Suivre l’actualité scientifique
Selon le professeur Mbarga, « on ne peut pas écrire un bon article scientifique si on a pas suivi l’actualité scientifique et si on n’a pas pris l’habitude de lire les articles savants, des articles de la littérature grise c’est-à-dire des publications des scientifiques. Il ajoute une troisième condition : « il faut établir et garder le contact avec les scientifiques ». Mais cela ne signifie pas « de se laisser happer par le scientifique ».
Le journaliste doit toujours garder ses distances, rappelle-t-il. Il est là pour interroger le scientifique. « Ce que vous avez envie de savoir c’est qu’est-ce qu’il a fait, comment il l’a fait et à quoi il est arrivé ».
« Faites l’effort de vous mettre en position de comprendre. Ecoutez attentivement le scientifique et posez-lui des questions en prenant de la distance par rapport à ce qu’il dit ».
2. Intéressez-vous à la méthode
En temps de crise comme celle ce que nous vivons actuellement, lorsque la science n’est pas encore arrêtée, lorsqu’il n’y a pas encore de résultat, lorsqu’il y a des polémiques sur les propositions avancées, ce qui devient intéressant, c’est de surveiller les méthodes et les résultats que le scientifique produit.
Dans son article, « le journaliste doit s’intéresser à la méthode et expliquer comment le scientifique a opéré. Si les scientifiques ne s’entendent pas c’est parce que chacun a suivi une technique différente donc il devient important pour le journaliste de suivre ces méthodes. »
Prenons le cas d’un article médical. Si vous voulez parler du diabète ou de l’hypertension, utilisez une introduction qui montre quel est le problème que le scientifique veut résoudre, quels sont les résultats auxquels il est arrivé.
2. Sachez à qui vous vous adressez
Le journaliste scientifique doit toujours connaître son public. Et avant d’écrire, il doit se poser cette question : « quand quelqu’un aura lu mon article, même s’il ne fait pas attention aux détails, que va-t-il retenir ? » « Votre article doit véhiculer un message essentiel », recommande-t-il.
Deuxième question à se poser : quel est l’intérêt humain de mon article ? « Il faut relier l’information scientifique et l’actualité scientifique aux intérêts de nos cibles et de nos publics », conseille le professeur qui explique que « c’est ce qu’il appelle l’intérêt humain ».
4. Utilisez les bons outils
Comme dans tout article, il faut raconter une histoire. Posez-vous d’abord la question de savoir quels sont les outils que vous utiliserez ?
- La comparaison
La comparaison est très utile. La comparaison consiste à dire « un nouveau vaccin est arrivé, par rapport à la situation que nous avons, c’est un avancement, c’est un recul, c’est un surplace, c’est un gain, c’est une perte, donc on va comparer ces éléments ».
- La métaphore
Le deuxième outil que Gervais invite à utiliser est la métaphore. « Servez-vous de la métaphore dans votre article, ayez recours à l’analogie et à une image forte, cela permet de rendre les choses plus compréhensibles pour vos lecteurs ».
- L’illustration
Le dernier élément consiste à donner un exemple dans votre article c’est-à-dire offrir une illustration du sujet que vous traitez. « Si vous utilisez ces trois éléments, vous écrirez un bon article ». Mais, prévient-il, n’oubliez pas aussi de mentionner dans votre papier « les limites de la recherche et les points non résolus par le scientifique ».