Mois : juin 2022

Bourse pour la conférence des journalistes scientifiques francophones

Face aux enjeux planétaires, les compétences en journalisme scientifique sont plus que jamais nécessaires. Les journalistes doivent en effet couvrir au mieux les controverses sociales, environnementales et scientifiques et lutter contre la désinformation. En jeu, un travail journalistique exigeant, un fact-checking rapide, des investigations poussées sur des sujets sensibles et souvent complexes comme celui du climat qui est une crise majeure.

 

Les journalistes ont besoin de compétences scientifiques pour couvrir le climat d’autant plus que ce thème touche toutes les sphères de la société et tous les domaines de la science, que l’on parle de climatologie, d’adaptation aux changements climatiques, d’environnement, de biodiversité, d’agriculture, de santé, de maladies émergentes ou négligées ou de sécurité alimentaire.


C’est dans ce contexte que la nécessité de réunir des journalistes scientifiques de divers horizons s’impose, d’abord pour tirer les leçons de la crise de l’information que nous venons de traverser, ensuite pour mieux jouer notre rôle face à la crise climatique. Cet enjeu touche toute la planète et, partout, ce sont les populations vulnérables qui paient le plus lourd tribut. 

 

Nous croyons fermement que des collaborations internationales, entre journalistes de différents continents, doivent se mettre en place pour mieux rendre compte aux populations de la réalité climatique à mesure que la science se construit et pour mieux jouer notre rôle de décrypteurs, d’analystes et acteurs critiques de l’actualité tels que démontré lors de la pandémie du Covid-19.

 

La Conférence des journalistes scientifiques francophones, prévue à Dakar en octobre 2022, est une initiative du Réseau des journalistes scientifiques d’Afrique francophone (RJSAF) né en 2019 à Lausanne lors de la Conférence mondiale des journalistes scientifiques. C’est la toute première fois qu’une conférence de journalisme scientifique francophone soutenue par des pays francophones se tient en Afrique.

 

Elle est organisée en partenariat avec l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI) en France, l’Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS) et l’Association Suisse du journalisme scientifique (ASJS).

 

Un certain nombre de bourses sont offertes pour les journalistes scientifiques d’Afrique francophone. L’inscription se fait sur dossier et fait l’objet d’une sélection par le comité d’organisation.

 

Conditions

La sélection des participants doit ainsi permettre de rassembler des journalistes de médias variés (presse, radio, TV, web), mais aussi de soutenir la dimension internationale de la conférence en permettant une représentation de nombreux pays francophones du réseau de journalistes scientifiques francophones mondial.

 

Admissibilité 

Pour postuler, les candidat.e.s doivent être des journalistes scientifiques membres du réseau des journalistes scientifiques d’Afrique francophone (RJSAF). Possibilité de devenir membre pour la participation à la conférence en remplissant ce formulaire: https://rjsaf.com/new-journalist-join-network/ !

 

Les candidats doivent donc apporter la preuve d’un travail journalistique datant de plus de six mois à la date de la candidature, en lien avec des thématiques comme les sciences, la santé, l’environnement, l’agriculture, le changement climatique…

 

Dossier de candidature

  • Le formulaire de candidature (à télécharger ici)

  • Un CV

  • Trois productions journalistiques datant de plus de six mois à la date de la candidature (écrit / audio / vidéo / multimédia)

  • Une lettre de motivation qui précise quelle contribution le candidat propose à la conférence (Par exemple: animation d’une session, contribution à un atelier de formation, participation à un panel d’experts…)

  • Une référence qui atteste du travail journalistique scientifique du candidat

Jury de sélection 

Le jury de sélection des candidatures sera assuré par les membres du comité d’organisation de la conférence, qui réunit les quatre associations partenaires du projet.

Toute voie de recours exclue.

Pour les participants retenus, la conférence prend en charge :

  • Le voyage jusqu’à Dakar ;

  • Les transports locaux ;

  • La restauration ;

  • L’hébergement  (chambre double à partager);

  • Les frais d’inscription.

Les frais à charge des participants :

  • Frais de visa et démarches de visa

  • Frais de changements de vol par confort personnel

  • Sur-classement en chambre privée


Délai de soumission de la candidature 

Les dossiers de candidature doivent être en français et envoyés au plus tard le 30 juin 2022 à 23h59 à l’adresse courriel concours@rjsaf.com 

L’objet du message doit comporter les informations suivantes: “nom” suivi de votre “pays” et de la mention “Dossier de candidature”.

Les dossiers incomplets ne seront pas pris en compte.

En raison du volume des candidatures, nous ne serons pas en mesure de vous informer individuellement de l’état d’avancement de votre candidature. Seul(e)s les candidat(e)s sélectionné(e)s seront contacté(e)s.

 

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Programme préliminaire de la conférence 

Le journalisme scientifique face à l’urgence climatique

Du 10-16 Octobre 2022 – Dakar, Sénégal

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LUNDI 10 OCTOBRE 2022

9h-9h45 Ouverture officielle

10h-11h Table-ronde

Allons-nous tous devenir des journalistes climatiques ?

La responsabilité des journalistes face à la catastrophe climatique

11h-12h Table-ronde

Leçons de la pandémie pour les médias: la place du journalisme scientifique 

Pause déjeuner

14h-15h15 Panel d’experts

Les changements climatiques et l’insécurité alimentaire et hydrique

15h15-16h30  Panel d’experts

Quels liens entre climat et santé ?

17h-18h      Conférence

Les maladies négligées et émergentes en Afrique (en partenariat notamment avec l’ONG de recherche médicale contre les maladies négligées DNDi)

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MARDI 11 OCTOBRE 2022

9h-12h     Ateliers en sessions parallèles

 Atelier 1 : Les techniques d’investigation scientifique

 Atelier 2 : Les outils de fact-checking de l’information scientifique

 Pause déjeuner

14h-15h30     Conférence

Le paysage médiatique africain et la place des sujets scientifiques

16h-17h   Débat

Peut-on changer le regard des médias européens et nord-américains sur l’Afrique ?

17h-18h   Conférence

Quels modèles économiques pour la presse (scientifique) ?

18h       Écoute collective de podacsts

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MERCREDI 12 OCTOBRE 2022

9h-12h Ateliers en sessions parallèles

Atelier 1 : Produire un podcast scientifique

Atelier 2 : Quels storytellings pour le journalisme scientifique?

Pause déjeuner

14h-16h Panel d’experts

Quels modèles agricoles dans un climat à + 1,5°C

16h30-17h30  Conférence

Prévenir les zoonoses

18h           Apéro – échange

Le journalisme scientifique dans les pays du Sud : comment collaborer avec le Nord ?

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JEUDI 13 OCTOBRE 2022

09h-10h30  Conférence

L’état de la recherche scientifique africaine – quelle place à la décolonisation des savoirs ?

10h30-11h  Conférence

L’édition scientifique francophone

11h-12h   Conférence

Les impacts environnementaux de l’exploitation minière

Pause déjeuner

14h-15h30  Débat

La géopolitique du climat (aide au développement, financement de la recherches, nouveaux acteurs du climat… )

16h-17h30     Discussions en sessions parallèles

Discussion 1 : Le journalisme environnemental, un métier risqué

Discussion 2 : Le journalisme de solution, une fausse solution ?

18h          Apéro confessions (nos bourdes, nos angoisses, nos névroses…)

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VENDREDI 14 ET SAMEDI 15 OCTOBRE 2022 

Deux journées de visites de terrain

Les pièges à éviter lors d’une conférence de presse sur le COVID-19

La crise sanitaire a permis de révéler que le public a soif d’une actualité scientifique, que le travail des journalistes est essentiel et qu’une information fiable, rigoureuse et non manipulée peut sauver des vies. 


La pandémie a montré que les lecteurs, face aux incertitudes, aux polémiques et aux théories du complot qui circulent sur la maladie à coronavirus, veulent trouver dans les médias, des réponses aux questions et aux doutes qui les envahissent. 

C’est là qu’intervient le rôle crucial du journaliste qui doit chercher et recueillir l’information auprès des acteurs concernés, auprès des experts du monde scientifique, universitaire, étatique ou privé. Des experts qualifiés, dont les compétences sont avérées. Pas des gens douteux.

Mais, il arrive qu’ils obtiennent certaines informations, comme c’est le cas en Afrique de l’Ouest et ailleurs, lors des conférences de presse organisées par des autorités sanitaires pour faire le point sur l’évolution de la pandémie.

Comment bien couvrir ces conférences ? Comment être préparé pour éviter de poser les mauvaises questions au cours de ces conférences?  Comment éviter de tomber dans le piège des organisateurs ? 

Quelles astuces peuvent-ils mettre en place pour éviter d’être un vecteur d’une fausse information? Comment doit-il traiter les communiqués du gouvernement sur la maladie ? Quelles sont les bonnes attitudes à adopter ?

Avoir une bonne connaissance de la situation sanitaire

Lors des conférences sur le covid-19, « on a l’impression que les journalistes ont peur de poser des questions », constate Noël Kokou Tadegnon, journaliste chez Deutsche Welle et Reuters Tv, cofondateur de Togo Check, une plate-forme togolaise de lutte contre les fausses informations.

« Cette peur peut avoir plusieurs raisons », explique Milo Milfort, fondateur du journal d’investigation Enquet’Action. Il cite le manque de préparation avant la conférence de presse et la non maîtrise du sujet. Mais il y a autre chose, clarifie-t-il, « la santé fait partie des thématiques peu traitées par les journalistes ». 

Au Sénégal, Ndiol Maka Seck, chef de bureau du quotidien national Le Soleil, qui a couvert plusieurs conférences sur le covid-19, a constaté que les journalistes « sont plus dans une posture d’écoute que de poser des questions ». 

Lors de ces conférences, dit-il, les médecins et autres spécialistes en épidémiologie monopolisent souvent la parole parce qu’ils ignorent beaucoup sur cette maladie. « Les journalistes, eux, se contentent souvent de faire le compte rendu fidèle de ces séances. »

Les journalistes doivent-ils se réduire au silence ou être spectateurs au cours de ces conférences ? La réponse de la journaliste scientifique Lise Barnéoud, auteure du livre “Immunisés ? – Un nouveau regard sur les vaccins” est très simple.

Elle estime qu’il est important que les journalistes puissent poser les questions nécessaires à leur bonne compréhension des enjeux, les questions dont ils ont besoin en fonction de leur propre connaissance, leur angle et leur support d’information.

Ils doivent aussi tenir compte de la réalité de leurs pays, précise Adrienne Engono Moussang, journaliste camerounaise, coordinatrice du magazine Sciences Watch Infos. « Quand un journaliste décide d’écrire sur le covid-19, il faut déjà qu’il connaisse la situation de la maladie dans son pays, les chiffres et les mesures qui ont été prises à tous les niveaux ».

Tadegnon insiste sur un autre aspect, la nécessité pour les journalistes de se documenter. « Ils doivent interroger différentes sources et maîtriser le sujet avant d’aller à une conférence de presse. Ils doivent beaucoup lire les écrits d’autres confrères, lire tout document autour de la pandémie et surtout se mettre à la pointe de l’actualité liée à la crise. »

Les trois approches innovantes

Bien sûr, dans un monde idéal, les journalistes qui couvrent ces sujets possèdent déjà une connaissance solide sur les informations de base: l’immunologie, la vaccinologie, les différents types de vaccins, etc. Mais nous savons que ce n’est malheureusement pas le cas, rappelle Barnéoud.

Elle dresse plusieurs façons de couvrir une conférence de presse sur le Covid. Primo, le journaliste peut choisir d’écrire un papier de news, d’information, où l’on retranscrit les informations nouvelles. Secundo, il peut écrire un papier de vulgarisation, de science literacy, où l’on donne des informations de base sur le sujet. 

Cette approche est toujours précieuse, car elle permet, dit-elle, de comprendre comment par exemple le virus se transmet, comment les gestes barrières et les vaccins s’ajoutent les uns aux autres pour diminuer le risque de contamination, etc. 

On peut aussi choisir d’écrire un papier d’enquête, sur un angle bien précis. Généralement, la seule conférence de presse est insuffisante. Elle conseille de compléter l’enquête avec d’autres éléments et rappelle que les trois approches sont nécessaires et légitimes. Sauf qu’elles n’impliquent pas les mêmes genres de questions.

Fact-checking de l’information

En Guinée, certains journalistes font un excellent travail mais d’autres « se limitent pratiquement aux informations fournies par les autorités. Si vous écoutez les rendus de certains à l’antenne, vous avez l’impression que c’est de la communication. Il y a pourtant une différence entre informer et communiquer », nuance Facely Konaté, directeur de la Radio Espace Forêt.

Le travail d’un journaliste n’est pas de recopier les communiqués de presse. Il ne consiste pas non plus à se limiter aux déclarations faites par les autorités sanitaires sans les vérifier, les recouper et les analyser. Il doit connaître les bons outils pour démystifier le vrai du faux.

Lorsqu’un journaliste émet des doutes lors d’une conférence au sujet des propos tenus par l’un des organisateurs, il lui revient de vérifier ces propos. Cela peut se faire de plusieurs manières, indique Sylvio Combey, journaliste, consultant et formateur.

Il conseille de « consulter et de comparer les données disponibles ». Souvent, il y a plein de ces données en open source mais dont on ignore. Il recommande, en outre, de consulter les déclarations antérieures et de recourir aux autres personnes ou sources qui peuvent être concernées ».

Cet article de Kossi Balao a été initialement publié par le Knight Center for Journalism in the Americas de l’Université de Texas à Austin. Lire l’intégralité ici !